Exo, méso, ésotérique..?

Présentation de trois repères dans l'apprentissage d'un art.

Trois mots, trois repères pour se situer. Pourquoi faire ? Rien.

Je vous propose de les (re)découvrir et d'en juger par vous-même.

Personnellement, j'en fais un usage ponctuel comme garde-fou, et à but pédagogique avec des personnes qui demandent mon regard sur un travail sur lequel elles se concentrent. Vous allez comprendre.

Trois espaces et étapes dans un art :

L'exotérisme, enseignement transmissible au grand nombre qui concerne l'étude de la forme, de la technique, du savoir. Lorsqu'une personne dans une pratique donnée, estime avoir identifié le geste correct, elle le répète jusqu’à ce qu’il devienne un réflexe disponible. Cela peut être un pas de danse, une rhétorique et tout autre savoir-faire.

Ce perfectionnement pourrait se poursuivre de différentes manières sans nécessiter une plongée dans la seconde étape. Toutefois, afin de continuer l'exposé, voici l'exemple d'un pratiquant sportif/artistique qui remarque un plateau de nouvel ordre : le geste est bon selon le modèle, mais malgré tout, sur le terrain la manière de gérer certaines appréhensions empêchent la bonne utilisation de ce réflexe acquis. La vision, le timing ou autre élément décisif ne peuvent s'exprimer en adéquation avec l'objectif. Ces perturbations peuvent par exemple résulter d'une absence de contact avec son propre monde affectif et émotionnel, de par une forme d'anesthésie et de dissociation.

Un premier exemple. Dans le film Black Swan, Natalie Portman joue une danseuse professionnelle qui ne comprend pas pourquoi elle ne touche pas son public alors qu’elle travaille tant sa technique. Selon moi, cette frustration est le fruit d'un désir de vivre non reconnu pleinement, d'une méconnaissance de soi et potentiellement d'une peur de ses abysses. Par la suite dans l'histoire, quelque chose bouge à ces niveaux.

Un second exemple. Un pratiquant d’arts martiaux excellent en déplacement pourrait se trouver surpris de perdre un combat contre une personne moins entraînée mais qui parvient à détecter certains de ses micro absences. Dans ce contexte, une réduction de la vigilance une fraction de seconde peut coûter cher ; l'adversaire peut en profiter pour gagner un temps. Cette micro sidération peut aussi être recherchée par de l’intimidation, des actes audacieux, ruses, sortie soudaine du cadre implicite, etc. Si vous aimez la bagarre, ce documentaire de 20 minutes en fait une puissante illustration selon moi, dont la recherche d'efficacité en continuant à se nier, peut-être faute d'enseignement vivant.

Ainsi, pour qui remarque ces limites et désire approfondir, le travail mésotérique pourrait devenir une nécessité.

Une approche mésotérique inclut des prises de conscience psychologiques, des biais cognitifs, des peurs et des motivations intrinsèques, des libérations émotionnelles. Dit autrement, l’art de s’écouter corporellement et affectivement, abandonner volontairement certaines croyances, accueillir ce qui était verrouillé/oublié à l’intérieur.

Connais-toi toi-même, et accepte l'aide. Voilà comment j'aimerais compléter ce dicton aujourd'hui. Je m'explique.

En effet, ce processus se vit de soi à soi, intimement. Cependant, s'accompagner de personnes disponibles, qui ont acquis une certaine expertise avec le travail mésotérique et capables d’empathie peut énormément aider dans ce plongeon en soi.

Ces ressources peuvent être des thérapeutes, coach, enseignants, amis talentueux et persévérants... Yeux dans les yeux, cet Autre éclaire des angles morts, des taches aveugles, et aime ne serait-ce qu’un petit peu là où la personne est actuellement incapable de s’aimer et de se sentir touchée par elle-même : reconnaître, accueillir, écouter, autoriser, libérer de l'espace, prendre soin, laisser mourir des illusions, rester présent.

Je vois le mésotérique comme une démarche de :

  • déshypnose et dépouillement de stratégies de survie,

  • sortie de transe et de stress post-traumatique,

  • reconnaissance et libération psycho-corporelle,

  • individuation selon Carl Jung.

En acceptant de faire face à ses peurs, chagrins enfouis, doutes, angoisses, désespoirs et sensations de vide, parfois telle une nuit de l'âme, le pratiquant découvre une maturité d'une toute autre nature.

Une efficience, une intimité, un amour de soi par le fait de se sentir être. Le faire et l'avoir restent fonctionnels, mais ne sont plus les leviers de l'estime de soi, du désir de vivre et d'exister. La présence devient synonyme d'amour. Je parle d'une lucide tendresse à ce qui est.

Le sens du soi se stabilise, avec un Oui à sa vulnérabilité, sa puissance et son impuissance inhérente à être vivant.e.

L'ésotérisme simple s'éprouve au cœur d'un terreau en bonne santé.

Avec une tentative de décrire d'une manière qui inclut et transcende ce qui a été exposé précédemment, je choisis les qualificatifs suivants : contenance nouvelle et singulière, conscience ancrée dans le Un en embrassant pleinement les dualités, signifiant une viscérale acceptation des paradoxes, accès à de l'information à partir du vide (lecture de champs/trames sous-jacentes), relation intime de manière plus intégrale avec la vie, expérience de la douleur avec peu d'inertie dans la souffrance.

L'expérience ésotérique à ce stade peut faciliter le travail mésotérique de par un ancrage dans une paix au fond de soi qui se perd rarement de vue, dans le corps, et cela entretient un confort dans l’inconfort. La transmutation des tensions est davantage fluide, car l'adhérence aux narrations internes s'affaiblit, alors que la structure du sens de soi tient.

L'ésotérisme n'est un objectif que si je le décide. Dans tel cas, je me lance l'invitation de faire un tour dans le méso afin de (re)toucher ce qui me motive, mon affect profond, mes évitements compulsifs.

Je ne sous-tends pas qu'y injecter de la volonté soit grave, puisque expérimenter n'est pas tant optionnel ici-bas. Toutefois, l'attente d'éprouver l'ésotérisme comme une récompense nous en éloignerait, car a priori, cette posture ne serait pas en acceptation du moment présent... bien que la situation puisse parfois changer en une fraction de seconde selon la capacité à se désidentifier en restant bien présent à ce qui demeure.

D'expérience, je constate qu'il est fréquent que suite à des traumatismes des personnes installent une compensation dans un ésotérisme (en fuyant et/ou vivant son intensité d'exister dans le subtil). Et même adultes, peu me semblent s'impliquer avec patience au mésotérique. Cela se comprend car ce retournement confronte et pique, mais il est aussi beau et touchant. Les processus thérapeutiques et d'apprentissage aident à se sentir dans ses faces cachées, à se découvrir nu.e, de prendre soin du/de la petite avec du parent intérieur non sacrificiel (sain), de libérer ses forces, de permettre une assise, de s'aimer en conscience. De quoi catalyser le passage du contrôle à une maîtrise : lucide, rassemblé et disponible à la vie.

Cette grille de lecture se présente de façon linéaire, c'était pour me faciliter la tâche à l'écrit. Concrètement, ces repères modélisés font l'objet d'allers-retours, d'inter-influences et simultanéité selon le regard.

Les stages et ateliers encouragent et donnent de la matière pour le mésotérique avec un minimum d'exotérique.

L'incubateur Azur a pour vocation d'intégrer par l'expérimentation, à viser de communion, ni aux dépens des libertés individuelles ni de la lucidité de chacun. Ce n'est pas un cocon dans lequel s'endormir.

Et avec les séances individuelles nous naviguons selon le contexte, avec une attention particulière accordée au mésotérique.

Voilà.

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